Presque un an d'intervention à La Chêneraie et une belle réussite déjà !
J'adore mon travail à la Chêneraie pour la diversité de mes interventions.
Cela fait presque un an que j'y interviens et je constate avec un grand plaisir une évolution de mes rapports et des bienfaits des bols sur les résidents.
Les sons des bols ont ce pouvoir d'ouvrir des portes insoupçonnées et sont un pont entre le réel parfois perdu et le monde intérieur de l'individu.
Dans l'unité des grands dépendants, les rapports sont fragiles mais intenses.
Je suis maintenant accueillie par certains avec enthousiasme car s'ils ne se rappellent plus forcément de moi, les sons eux sont restés gravés en eux.
Nous jouons avec les notes, les sons, les vibrations. Ils sont captivés, interagissent et participent.
L'effet le plus spectaculaire fut pour moi d'arriver à entrer en communication avec des personnes qui ne peuvent ni bouger ni parler. A première vue tout semble inerte chez elles et pourtant, lorsque je choisis une note douce que je joue au creux de l'oreille, le regard se tourne et je sens une écoute, un intérêt éveillé. Alors, même si je ne peux savoir ce qui est perçu, je leur offre ces douces sonorités comme un moment suspendu.
Il existe une résidente qui ne parle plus et qui est souvent le regard perdu ailleurs. Depuis le début elle est touchée par certains sons, pas tous, et toujours les mêmes. Alors son intérêt s'éveille, elle me regarde intensément et sans pouvoir parler cherche à toucher le bol. Et alors, à la sensation de la vibration, elle me sourit, heureuse de ce petit moment entre nous. Dès que j'éloigne le bol elle repart dans sa rêverie mais je sais que si je choisis sa note elle revient dans ce réel.
La semaine dernière fut magnifique pour moi. Les résidents ne cessaient de me demander si j'allais revenir et quand. Ils me répétaient que j'étais gentille et que les bols étaient doux. Et lorsque je leur ai dit au revoir, tous ceux qui pouvaient l'ont fait avec la main et avec enthousiasme.
Et là, quelle ne fut pas ma surprise quand cette personne qui est souvent ailleurs sauf à certains sons m'a regardée, a levé le bras avec vigueur pour me dire au revoir avec un visage éclairé du plus beau des sourires.
Ces moments sont le plus beau des cadeaux !
Dans l'unité de soins adaptés les sons des bols ont un action spectaculaire. Je l'ai constaté avec plaisir tout au long de l'année.
Parfois, lorsque j'arrive, les résidents sont agités, en colère. Mais ça ne dure jamais.
Dès que je leur fais entendre un son, leur mémoire s'active et ils se rappellent de ces moments apaisants que nous avons déjà passés ensemble.
J'ai une anecdote : La semaine dernière une dame qui est très réceptive était très virulente à mon arrivée, contrariée. Je lui dis que je viens faire ma relaxation sonore. Je lui fais chanter un bol et desuite elle vient s'asseoir, à l'écoute et me dis : "Ah oui, j'adore ces sons" ! Et pendant nos trois quarts d'heure elle était calme, somnolente et à l'écoute des sons.
A presque toutes les séances, il ne faut que 10 à 15 minutes pour apaiser tout le monde. La plupart ferment les yeux, et ceux qui ne le font pas restent à observer, attentifs, curieux de ces instruments mais apaisés et sereins. Et lorsque la séance se termine, ils restent totalement apaisés jusqu'à mon départ.
Je connais maintenant les sons qu'il faut que j'utilise et qui aident à cet apaisement sur ce public et comment faire pour les aider à lâcher prise.
Cette connaissance de chacun qui se fait progressivement me permet de m'adapter et d'apporter le nécessaire pour le bien-être. De leur côté, les résidents s'habituent aux sons des bols et cela se ressent dans la rapidité du lâcher prise.
Je vous poste un moment passé dans l'unité de soins adapté cet hiver